Brevet d'invention N°379.483 (1907 - Le Stéréo-Cinéma)
Par Christelle Odoux le vendredi 5 juillet 1907, 12h00 - Brevets - Lien permanent
Appareil à déroulement continu et vision sans éclipses, donnant des images stéréoscopiques animées.
M. CHARLES-ÉMILE REYNAUD résidant en France (Seine).
Demandé le 2 juillet 1907.
(Délivré le 10 septembre 1907 - Publié le 8 novembre 1907)
La bonne réalisation de l’illusion stéréoscopique animée exige, en même temps qu’une précision très grande dans la succession des images, l’absence d’intermittences ou éclipses dans la vision. Le dispositif qui constitue l’invention réalise ces conditions avec une grande simplicité et d’une manière très économique tant au point de vue de la construction de l’appareil qu’au point de vue du nombre de poses nécessaires pour obtenir l’illusion du relief et du mouvement.
Le système consiste essentiellement à avoir deux séries de poses successives satisfaisant aux conditions de la vision stéréoscopique (elles peuvent être obtenues soit à l’aide de deux appareils cinématographiques placés à l’écartement voulu, soit à l’aide d’un appareil stéréo-cinématographique Reynaud, permettant la prise de deux séries de poses avec un seul objectif), et à faire réfléchir ces poses par des surfaces réfléchissantes planes formant les faces de deux troncs de pyramide semblables, opposés par leur grande base et tournant autour d’un même axe. Grâce à cette combinaison optique, si la position des poses par rapport à l’axe de rotation des troncs de pyramide et à leurs miroirs est convenable, les deux images, – celle qui doit être vue par l’œil droit, et celle qui doit être vue par l’œil gauche, – se forment l’une à côté de l’autre sur l’axe même et en des points tels de cet axe qu’elles peuvent être observées normalement à leur plan, soit directement à travers des oculaires stéréoscopiques, soit par projection sur un écran en remplaçant ces oculaires par des objectifs.
Les deux bandes de poses peuvent être portées par des couronnes évasées en tronc de pyramide ou en tronc de cône, tournant avec les troncs de pyramide à faces réfléchissantes mentionnées ci-dessus, dont elles entourent l’extrémité la plus étroite ; dans ce cas, le nombre des poses du sujet ne peut excéder le nombre des facettes réfléchissantes ; ou bien elles peuvent passer sur des couronnes cylindriques et comprendre alors un nombre de poses aussi grand qu’on le désire soit que ces bandes soient sans fin et portées par la couronne et de simples rouleaux de renvoi, soit que l’une de leurs extrémités se déroule d’un rouleau tandis que l’autre bout s’envide sur un autre rouleau.
Les grandes bases des deux troncs de pyramide à faces réfléchissantes peuvent coïncider, auquel cas il faut avoir deux vues pour chaque pose : une pour l’œil droit, une pour l’œil gauche, et l’observateur voit simultanément deux images ; ou bien on peut les caler de manière que les sommets des angles de l’une des bases viennent dans l’axe des côtés de l’autre base ; dans ce dernier cas, on a l’avantage de pouvoir réduire le nombre des poses, car le mouvement de l’appareil fait alors passer successivement devant l’observateur seulement une pose de droite, puis une de gauche seulement, et ainsi de suite.
La fig. 1 du dessin ci-annexé est une vue schématique qui représente la combinaison des troncs de pyramide à faces réfléchissantes et des couronnes évasées portant les poses, les uns et les autres animés du même mouvement de rotation pour donner des images animées ; la figure montre comment les rayons sont réfléchis sur les oculaires stéréoscopiques ;
La fig. 2 est une vue analogue montrant les facettes réfléchissantes et indiquant la disposition des poses sur les couronnes. Les deux séries de facettes sont ici indiquées comme se chevauchant ;
La fig. 3 est une vue en bout montrant ce chevauchement ;
La fig. 4 représente une bande portant une partie des poses qui doivent garnir une des couronnes coniques ou pyramidales ;
Les fig. 5 et 6 sont les vues complètes de face et de côté, d’un appareil à couronnes évasées ;
La fig. 7 représente, vu de face, un appareil avec couronnes cylindriques entraînant des bandes qui comprennent un plus grand nombre de poses ;
Les fig. 8 et 9 sont des vues de côté correspondantes, dont la première montre les poses formant des bandes sans fin, tandis que dans la seconde chaque bande de poses se dévide d’un rouleau et va se renvider sur un autre après avoir passé sur la couronne cylindrique.
Il est facile de se rendre compte, par l’examen de la fig. 1, comment les images peuvent être observées normalement à travers des oculaires stéréoscopiques ou être projetées, normalement aussi, par des objectifs remplaçant ceux-ci. a, a1 sont les couronnes évasées portant respectivement les poses gauches et les poses droites ; les poses sont retournées afin de compenser le retournement produit par les miroirs ; b, b1 sont les troncs de pyramide à faces réfléchissantes, opposés par leur grande base ; les surfaces réfléchissantes peuvent être d’une nature quelconque ; c’est l’axe de rotation autour duquel tous ces organes tournent ensemble; d, d1 sont les oculaires stéréoscopiques. La hauteur des couronnes est égale à la largeur des poses. Les surfaces réfléchissantes de b, b1 sont inclinées sur l’axe c suivant la bissectrice de l’angle que les couronnes, et par conséquent les poses, forment avec ce même axe ; il en résulte que la pose e, f vient former son image sur l’axe en e1, f1, en dehors de la couronne a, que l’image g1 h1 de la pose g h se forme à côté de la première et que ces deux images peuvent être observées ou se projeter normalement à leur plan, les rayons réfléchis passant entre les couronnes. Comme elles sont sur l’axe de rotation de l’appareil, qui constitue en même temps leur axe horizontal, elles n’ont pas d’autre mouvement, pendant la rotation des couronnes et des miroirs qu’un léger pivotement, d’autant plus faible que le nombre de ces derniers sur la circonférence est plus grand, ainsi qu’il est facile de le comprendre.
Le nombre des faces 1, 2, 3, etc., de chaque tronc de pyramide est égal comme le montre la fig. 2 , à celui des poses 1, 2, 3, etc., d’une série. Ces poses peuvent être éclairées par réflexion ou par transparence, à volonté.
Si les faces réfléchissantes des deux troncs de pyramide sont chevauchées ou croisées comme l’indiquent les fig.2 et 3, il va sans dire que les poses doivent subir un décalage correspondant, ainsi que la fig.2 le montre, pour se trouver chacune bien en face d’un miroir. Les organes essentiels décrits plus haut sont complétés par un pied i portant un cadre j dans les montants duquel tournent les extrémités de l’arbre c ; on produit la rotation de ce dernier au moyen d’une manivelle k dont l’axe porte une poulie à gorge l entraînant la poulie m de l’arbre c. Dans le bas du cadre est fixée une tige horizontale n sur laquelle on peut régler la position de la monture des oculaires stéréoscopiques d, d1. Dans les variantes représentées fig. 7, 8 et 9 , les extrémités des troncs de pyramide b, b1 à faces réfléchissantes sont entourées par des couronnes p, p1 qui ne sont plus évasées, mais cylindriques et qui, conjointement avec des rouleaux q, q et q1, q1 portent des bandes de poses r, r1 entraînées par des perforations ou de toute manière convenable et pouvant comprendre un nombre de poses bien supérieur à celui des faces réfléchissantes de b et b1. Dans le cas de la fig. 8, la bande étant sans fin, ce nombre est toutefois limité par l’écartement laissé entre les rouleaux q, q et la couronne p ; mais il n’en est pas de même dans le cas de la fig. 9, où les deux extrémités de la bande ne se réunissent pas et où elle se dévide d’un des rouleaux q1 pour s’envider sur l’autre. Comme la combinaison optique constituant l’invention est réversible, l’appareil peut être employé à prendre les poses photographiques, en le plaçant dans une boîte fermée étanche à la lumière; des objectifs de foyer convenable, munis d’obturateurs, remplaçant alors les oculaires et aux positives on substitue des plaques ou pellicules sensibles. Si l’on opère avec la couronne fermée, un interrupteur doit produire automatiquement la fermeture des obturateurs après un tour complet.
RÉSUMÉ
L’invention porte sur un appareil donnant des images stéréoscopiques animées par un déroulement continu et sans aucune occultation, appareil qui est essentiellement basé sur l’emploi de deux troncs de pyramide à faces réfléchissantes, accolés par leur grande base, et de deux couronnes portant l’une la série de poses successives pour l’œil droit, l’autre la série de poses pour l’œil gauche ; les deux troncs de pyramide à faces réfléchissantes et les deux couronnes tournant à la même vitesse et autour du même axe et les images virtuelles des poses se formant sur cet axe, où elles peuvent être observées normalement.
L’invention comprend aussi les détails de réalisation de la combinaison optique ci-dessus, en particulier le décalage de l’un des troncs de pyramide par rapport à l’autre pour que leurs faces réfléchissantes se chevauchent, et le remplacement facultatif des couronnes évasées par des couronnes cylindriques sur lesquelles passent des bandes comprenant un nombre quelconque de poses.
C.-É.REYNAUD. Par procuration : Charles Assy.
IMPRIMERIE NATIONALE. - Pour la vente, s’adresser à la SOCIETE BELIN et Cie, 56, rue des Francs-Bourgeois. Paris (3e).
Prix du fascicule : 1 franc.
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Sources
L’original de ce brevet est déposé et conservé à l’Institut National de la Propriété Industrielle, 26bis rue de Saint-Pétersbourg, 75008 Paris