La Nature n°448 – 31 décembre 1881 – Page 71
Par Christelle Odoux le jeudi 4 septembre 1902, 11h15 - Presse - Lien permanent
L’Enseignement par les jeux
Les Zootropes
Par Gaston Tissandier
A cette époque de l’année où les jouets sont à l’ordre du jour, nous signalons à nos lecteurs un nouveau procédé très simple, qui leur permettra de confectionner eux-même un zootrope sans le secours d’aucun autre appareil. Ce procédé nous est indiqué par le Scientific American, auquel nous l’empruntons. Il consiste à utiliser un disque semblable à celui que représente la figure 1 dessiné sur un carton un peu solide et à s’en servir de la façon suivante : On le découpe d’abord de façon qu’il ait la forme circulaire indiquée par la circonférence extérieure, puis à l’aide d’un canif bien aiguisé on taille des fentes au-dessous de chaque dessin de cheval ; on n’a pour cela qu’à enlever les parties teintées du dessins[1]. On fait au milieu du carton un trou à l’emporte-pièce ; on place le disque ainsi préparé à l’extrémité d’un clou fixé à la partie supérieure d’une tige de bois, comme le représente la figure 2 Afin que le disque tourne bien dans le même plan, il est bon de fixer au-dessous de la tête du clou, une petite rondelle de carton de la grandeur d’une pièce de 5 francs et de l’y fixer au moyen d’un peu de cire molle. Le disque zootropique tourne autour du clou formant l’axe du système, et il se trouve ainsi compris dans l’espace qui sépare la tige de bois de la rondelle fixe. On tient le disque zootropique à 50 centimètres environ d’une glace ; de telle manière que le dessin mis en regard de la glace soit bien franchement éclairé. On place la tête derrière le disque, de façon que le rayon visuel ne parvienne à la glace qu’en passant à travers les fentes supérieures (fig. 2). On imprime un mouvement de rotation au disque, on verra dans la glace les chevaux courir au grand trot, et les jambes de ceux-ci paraissent s’agiter avec une parfaite vérité de mouvement.
Parmi les mille et une inventions que crée l’industrie parisienne et que fait naître l’approche des étrennes, voici un jouet qui touche aux mêmes principes de l’optique et qui nous semble mériter aussi d’être mentionné.
La Toupie-Fantoche (ainsi nommée par l’inventeur, M. Reynaud, sans doute à cause d’une certaine analogie extérieure avec une toupie), se compose de quatre petits miroirs triangulaires, dont les surfaces forment une pyramide à base carrée. Les côtés de cette base étant précisément doubles de la hauteur de la pyramide, les miroirs sont inclinés de 45 degrés (fig. 3).
A la pointe de la pyramide, qui est un peu tronquée, se placent successivement des disques de carton, où sont figurés divers sujets, dans quatre attitudes différentes sur chaque disque.
Une rotation modérée à l’ensemble autour d’un pivot central tenu à la main, amène devant les yeux les réflexions successives des quatre phases, qui se superposent au centre, et chaque sujet semble s’animer.
C’est une petite demoiselle qui saute à la corde (fig. 3), une danseuse qui s’élance sur la corde volante, un gymnaste qui évolue sur son trapèze, un cheval qui franchit une barrière, etc.
On le voit, ce petit jouet dérive du même principe que le praxinoscope, appareil dû au même inventeur dont nous avons à plusieurs reprises entretenu nos lecteurs.
Enfin, nous avons vu vendre sur les boulevards un autre appareil zootropique très simple représenté par la figure 4. Il se compose de quatre panneaux de carton montés à angle droit, autour d’un axe creux. Ce carton à quatre pans peut s’enfiler autour d’une tige verticale, fixée sur un pied, où elle tourne très facilement quand on la fait glisser entre les doigts. Les quatre angles du cartonnage comprennent un dessin zootropique ; quand on les fait tourner, ils se confondent en un seul par suite de la persistance des impressions. Sur notre figure, c’est l’indomptable mulet Rigolo, qui rue, tandis que son cavalier le frappe de son bâton. – La figure 5 pourrait servir à représenter un petit personnage grotesque faisant rebondir un gros ballon élastique contre le sol.
Des semblables petits jouets sont très intéressants ; ils sont même susceptibles de devenir des objets d’enseignement, pour faire comprendre le mouvement de certains organes mécaniques, l’action du piston d’un corps de pompe, par exemple. Il n’y a de futile que la façon dont on se sert des choses ; un esprit observateur peut faire profit de tout ce qu’il voit fonctionner autour de lui, même des jouets du Jour de l’An.
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Note
[1] Afin que nos abonnés n’aient pas à détériorer la présente livraison, nous leur envoyons encartée dans le journal une feuille de carton où se trouve imprimée la figure 1. Ce carton pourra être découpé et monté comme nous l’indiquons. Les acheteurs au numéro le recevront contre un envoi de 10 centimes en timbres-poste, adressé à la librairie G. Masson.