La 5° leçon du cours de sciences naturelles présente une rapide, mais saisissante esquisse de cette succession de terrains, de cette série d’époques, dont la géologie retrouve et détermine les vestiges, depuis les temps primitifs de la formation de notre globe jusqu’au sol que nous foulons aujourd’hui.
« Tout sur notre terre, dit Bossuet, est assujetti aux changements ; c’est la loi du monde que nous habitons. » Cette loi est écrite en lisibles caractères dans les couches du globe, et la science a appris à déchiffrer ces hiéroglyphes, comme elle a su retrouver le mot des énigmes que nous ont léguées les antiques civilisations.
En fouillant dans les couches profondes du sol, le naturaliste y découvre les débris de végétaux et d’animaux dont les espèces n’existent plus aujourd’hui sur la terre. L’étude de ces fossiles (du latin fossilis, enfoui) a créé une science nouvelle : la paléontologie (mot dérivé du grec et qui signifie : science des êtres anciens).


Nous nous empressons de constater le succès de la séance qui, hier soir, inaugura le nouveau cours fondé par M. Reynaud.
C’est avec un vif plaisir que nous voyions se remplir, comme au jour des leçons de physique, la belle salle de notre mairie. Cette salle, trop petite pour le cours gratuit, se trouve à peine suffisante pour le cours payant. Nous croyons cependant qu’il serait possible d’utiliser encore, ne fut-ce qu’au moyen de bancs, quelques places de plus, et nous connaissons plus d’une personne qui serait heureuse d’en profiter.
Cet empressement, qui pourrait presque surprendre, mais qui s’explique par l’intérêt du programme, sera, si nous en jugeons par la séance d’hier, pleinement justifié.
Quelle plus attrayante et plus instructive récréation, en effet, pour le public intelligent et studieux de notre ville, pour nos dames et nos jeunes filles, à qui convient si bien la culture délicate de l’esprit, que ces simples causeries scientifiques, où la science se fait accessible à tous, où tous, savants et ignorants, hommes d’étude ou de labeur, mère, épouse ou jeune fille, peuvent apprendre ou se souvenir, et cela sans fatigue, sans autre effort qu’un peu d’attention ? Quelle œuvre plus profitable que celle-ci, qui, créant une distraction saine et agréable à la fois, vient faire une heureuse diversion aux plaisirs oiseux et futiles ? A ce point de vue, comme nous l’écrivait jeudi un de nos abonnés, rien de plus désirable que le succès de cette œuvre de progrès intellectuel, de diffusion du vrai, du beau dans le domaine fécond des sciences.
Souhaitons que les œuvres de ce genre prospèrent, se développent, et, disons-le, se popularisent. Comme notre correspondant, dont la lettre, pleine d’une intelligente et noble ardeur, répond si bien à nos pensées, nous voudrions voir des réunions de ce genre gratuitement accessibles aux classes populaires, à nos modestes artisans, à nos laborieux ouvriers. Nous croyons qu’ils répondraient à l’appel et qu’ils sauraient bientôt apprécier la valeur et le profit pour eux-mêmes de ces quelques heures de culture intellectuelle succédant, de temps en temps, au travail terre à terre de la main et du corps.
Mais, telle qu’a su l’organiser notre jeune compatriote, l”œuvre de nos cours de science vulgarisée est digne de toutes nos sympathies ; et nous lui souhaitons, pour cet hiver, tout le succès que fait présager ses heureux débuts.
Après avoir rappelé, vendredi soir, le programme qu’il se propose de parcourir, M. Reynaud, dans une attachante introduction à l’étude des sciences naturelles, nous fit le saisissant tableau de notre système solaire, nous décrivit les planètes, animées par la mystérieuse impulsion qui entraîne le monde, gravitant autour du centre rayonnant, l’éblouissant soleil.
S’arrêtant à la terre, il nous la montra dans l’espace, petit globe tournant autour de ses pôles, entourant en même temps le soleil de son orbe, à 54 millions de lieues de respectueuse distance. Il nous montra comment, par l’inclinaison de son axe, les saisons succèdent aux saisons, comme les jours aux jours. Il nous fit toucher du doigt, pour ainsi dire, la régulière convexité de sa surface ; l’accompagna de son satellite, au cours régulier, aux irrégulières apparences : la lune, qui tantôt se présente à nous sous la forme d’un plein disque, tantôt sous l’aspect d’un demi-cercle ou d’un croissant délié.
Par un tour ingénieux, il eut soin (et nous croyons qu’il fut bien inspiré) de nous transporter tout d’abord dans l’immensité de l’espace, que peuplent des millions de soleil ; il eut soin de ramener, pour l’esprit, notre soleil et son système à leur juste valeur.
Regardez, nous dit-il, partout dans l’infini des soleils sans nombre ; approchons, en voici un parmi les plus petits : 4 milliards de mètres à peine mesurent sa ceinture. Ce soleil, c’est le nôtre ! Examinons de bien près, n’apercevons-nous pas un tout petit globe qui tourne lentement à quelque trente millions de lieues de ce soleil-là ? Ce petit globe, c’est le nôtre, c’est notre terre, silencieuse courrière qui porte vers ses destinées inconnues cette mystérieuse œuvre divine : l’humanité.
Par ces images à la fois si hardies et si réelles, notre conférencier sut évoquer dans notre esprit le tableau aux proportions exactes qui nous donne la mesure vraie de notre importance dans l’univers. Mais il eût pu ajouter que les proportions matérielles ne sont rien et que cette humanité, imperceptible fourmilière d’atomes, sur un grain de sable arrosé d’une larme et perdu dans les cieux, est plus grande à elle seule que le monde matériel tout entier ; car elle palpite vers l’idéal infini de vérité et de justice, que, par la science et par la foi, par la raison et par le cœur, il lui est donné, dès cette terre, d’entrevoir dans les profondeurs cachées de l’avenir.
En admirant vendredi soir, ces belles constellations, en retrouvant sous nos yeux ces scintillantes étoiles groupées en figures invariables sur le manteau de la nuit, que la vue seule découvre par milliers, que par millions atteint le puissant télescope, qui semblent fuir d’une marche régulière - illusion que notre propre mouvement terrestre fait naître - nous nous rappelions ces beaux vers du poète des Méditations, dans Jocelyn […].