Le Théâtre optique
Par Christelle Odoux le dimanche 2 novembre 1902, 12h00 - Inventions - Lien permanent
Breveté par Émile Reynaud en 1888, le Théâtre optique permet à l’action de ne plus être contrainte à un mouvement cyclique et la narration peut être développée sur plus de 10 minutes. Ce sont alors de véritables petits dessins animés (alors appelés Pantomimes lumineuses) qu’Émile Reynaud propose au public du Musée Grévin dès le 28 octobre 1892. Émile Reynaud est le premier à utiliser la perforation pour un appareil de projection d'images animées. Il obtient une médaille de bronze à l'Exposition universelle de 1889 pour l'ensemble de ses inventions.
Le Théâtre optique conserve la base du Praxinoscope, c’est-à-dire les miroirs du cylindre à facettes central.
Comme pour le Praxinoscope-Théâtre, les personnages et les décors sont dissociés : les personnages sont projetés par une première lanterne magique qui les renvoie sur les miroirs du cylindre à facettes, sur un second miroir, puis à travers plusieurs lentilles, sur un miroir mobile qui permet de les repositionner sur l’écran. Le décor fixe est peint sur une plaque de verre et projeté par une seconde lanterne magique de façon traditionnelle.
Les personnages sont dessinés et peints à la main par Émile Reynaud sur des carrés (6 x 6 cm) de gélatine. Ils sont ensuite détourés en noir et certains traits des personnages sont surlignés. Chaque carré est disposé successivement sur une bande de longueur indéfinie, perforée et synchronisée avec le cylindre de miroirs par une roue dentée.
Les bandes contiennent 300[1] à 700[2] dessins et peuvent mesurer jusqu'à 50 mètres, la bande se déroulant et s’enroulant sur deux bobines, l'une émettrice et l'autre réceptrice. L’ensemble du dispositif se trouve derrière l’écran par rapport au public. Émile Reynaud anime lui-même l’ensemble. Il peut ainsi ralentir, accélérer ou revenir en arrière pour améliorer la dynamique de l’animation et également pour varier son déroulement d’une projection à l’autre en fonction des réactions du public.
Les projections sont accompagnées au piano par des musiques spécialement écrites par le compositeur Gaston Paulin. Des tiges d'argent disposées sur la bande flexible à des moments clés actionnent un bruiteur, à l'aide d'un électro-aimant, produisant, par exemple, le bruit des coups portés par Arlequin à Pierrot[3].
Il n'existe pas d'appareil original de cette invention. Plusieurs reconstitutions ont été réalisées[4].
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Voir l’article de Gaston Tissandier paru dans la Nature
Voir la transcription du brevet d’invention où apparaît le projet d'Émile Reynaud d’utiliser la photographie pour cette invention. Cela sera réalisé avec les Photo-peintures animées.
Sources
- La Vérité sur l'Invention de la Projection animée, Émile Reynaud, Sa Vie et ses Travaux - Maurice Noverre - 1926
- Émile Reynaud, Peintre de Films - Coll. Les Maîtres du Cinéma - Cinémathèque Française 1945
- Le grand art de la lumière et de l'ombre - Laurent Mannoni - page 349
Notes
[2] Un Bon bock
[4] Voir notre dossier Synthèse des reconstitutions de Théâtre optique et des adaptations de Pantomimes lumineuses